Un mental à toute épreuve

Un mental à toute épreuve

Léo et Olivia attendant leur note

Peut-on dire que Léo Baeten, en qui personne ne croyait à ses débuts, n’était pas destiné à devenir un patineur de haut niveau ? Très certainement, mais c’était sans compter sur la pugnacité et la détermination de ce jeune athlète belge qui participera, avec Olivia Shilling, sa partenaire américaine, aux Championnats du Monde de danse sur glace à Saitama, au Japon du 20 au 26 mars prochain.

Né à Hoeilaart, près de Bruxelles en septembre 2000, Léo Baeten est un jeune garçon, plutôt porté sur le football, jusqu’à ce mois de septembre 2015 où il décide de chausser les patins à glace. « J’ai tout de suite adoré, même si je n’étais pas très talentueux, car à la base je suis quelqu’un de plutôt brut, tout le contraire du patinage qui demande délicatesse et élégance. » sourit celui qui n’hésite pas à effectuer trois heures de bus toutes les semaines pour se rendre à Louvain, la patinoire la plus proche.

Léo Baeten en 2011, Brésil
Léo Baeten en 2014, Belgique
Léo Baeten en 2017, Leuven, Belgique

« A 16 ans, j’ai dû changer de club, car personne ne voulait m’entraîner »

Léo rejoint donc le club de Die Swaene Heist, près de Malines, où Annelies Van Houdt sera la première à croire en lui.
Dès le lendemain de sa majorité, suite à un test réussi, Léo quitte sa Belgique natale pour s’installer en France et intégrer le Club des Sports de Glace de Lyon.

Léo Baeten jeune à Lyon

(Photo : Léo Baeten à ses débuts, Lyon, France)

En août 2019, direction la Russie et sa capitale, Moscou. « Mon rêve était d’aller patiner là-bas car la Russie est une référence dans la discipline, j’y ai beaucoup appris. ». Le jeune athlète va vivre une expérience incroyable mais terriblement compliquée.  Rien n’arrête Léo qui parvient à rejoindre les Etats-Unis pendant la pandémie afin de continuer son développement. Une courte période à Miami, en Floride avant de revenir à Lyon en mai 2021. Il intégre le Lyon Glace Patinage, où il retrouve Geoffrey Brissaud, l’un des grands noms actuels du patinage Français.

« J’ai énormément travaillé, car en danse et en artistique je partais vraiment de zéro »

(Photo : Geoffrey Brissaud, Léo Baeten et Rémi Laâsri, Lyon, France)

C’est en octobre, à Nice, que Léo Baeten va étrenner pour la première fois ses patins en compétition, mais encore une fois, rien ne se passe comme prévu. « Nous avons terminé derniers après avoir chuté, et dans la foulée ma partenaire m’a lâché. ». C’est alors que son ami, Geoffrey Brissaud, lui conseille de prendre contact avec son préparateur mental personnel, Rémi Laasri, afin de lui permettre de repartir de l’avant et de mettre fin à cette période de doute et de malchance qui a trop duré. 

En avril 2022, retour aux Etats-Unis, cette fois-ci à Novi, dans la banlieue de Détroit. Il retrouve une partenaire avec qui se crée enfin une alchimie. Malheureusement, elle se blesse et est contrainte d’arrêter le patin. Il était écrit que rien ne serait facile, mais, cette fois-ci, le sort s’acharne très clairement sur lui. 

Léo et Rémi, Moulins, France
Séance PM avec Rémi, Michigan, USA
Séance PM aves Rémi, Yzeure, France

« J’ai vécu Nice comme un vrai traumatisme »

« La partie mentale est celle qui nous a fallu débloquer en priorité. Sortir de cette spirale s’est avéré très compliqué, mais le travail sur la glace et celui accompli avec Rémi a fini par payer. » confie Léo, qui, avec sa nouvelle partenaire américaine Olivia Shilling, retrouve la compétition en janvier dernier. Un grand rendez-vous, un an et demi après sa première compétition, à l’occasion du Bavarian Open d’Oberstdorf en Allemagne. Leur bonne performance permet au couple de se qualifier pour les Championnats d’Europe 2024 qui se dérouleront à Budapest, en Hongrie. « Après cette compétition, j’ai compris que je pouvais me battre contre d’autres personnes, plutôt que contre moi-même. ». Cette performance ne va pas rester sans lendemain, puisqu’une semaine plus tard, en Italie, Olivia et Léo obtiennent les minimas, une très belle 6e place et se qualifient pour les Championnats du Monde au Japon. Puisqu’un bonheur n’arrive jamais seul, ils intègrent du même coup l’équipe nationale de Belgique.

Olivia et Léo, Michigan, USA
Léo déterminé, MIDA, USA
Olivia et Léo, Oberstdorf, Allemagne

« Il a eu 1000 fois l’occasion de tout arrêter, mais il a tenu bon » 

« Léo n’a jamais rien lâché, il a toujours continué malgré ses différentes désillusions. » souligne Rémi Laâsri, extrêmement fier et heureux du travail accompli, surtout des résultats qui en découlent. Mais attention, pas question de se reposer sur ses lauriers pour celui qui s’entraine quatre à sept heures par jour, cinq à six fois par semaine, tout en conciliant ses études en sciences naturelles et de l’environnement.

« C’est un honneur de représenter mon pays. »

Maintenant, tous les regards sont tournés vers le pays du soleil levant, où Olivia et Léo espèrent faire une belle performance pour honorer les couleurs de la Belgique, qui n’a plus participé à un Championnat du Monde dans cette épreuve depuis 25 ans.

Mots de Rémi Laâsri, son préparateur mental :

 » Si un seul devait y croire, c’est lui. Et il a toujours cru qu’il atteindrait cet objectif. Nous l’avions fixé bien plus tard pour ne pas griller les étapes. Mais ce n’était qu’une estimation et Léo est impressionnant. Comment imaginer qu’il se qualifierait pour l’Europe dès la deuxième compétition de sa carrière et pour les Championnats du Monde dès la troisième ?
Concernant l’accompagnement, je devais entre autres connaître ses motivations profondes. Qu’est-ce qui apportera l’énergie nécessaire, pour travailler plus et mieux, afin de rattraper 10 ans de patinage sur ses concurrents ?
Cette énergie pourra-t-elle nous aider à atteindre le premier palier des objectifs, celui de refaire une compétition après le traumatisme vécu à Nice ?
Un gros travail d’organisation a eu lieu ensuite, pour la tête et le planning. Il a été primordial de modifier les perceptions de Nice et de
libérer les blocages, tout en travaillant sur la glace pour ne pas prendre de retard.
Léo est un très bon exemple pour tous ceux qui rêvent de réaliser de grandes choses. Il a choisi une direction et a CONTINUÉ. Tout le monde sait ce qu’il se passe quand on arrête, mais où nous mène la continuation ?
« 

Article co-écrit avec Fabien Reveret, Rédacteur Sportif.
 » Je suis rédacteur sportif pour un journal régional du Groupe Centre France. J’écris également des articles pour vos sites web ! « 
Contact : fabredacsport@gmail.com

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